Sophie Sigorel

1964 - 2017

 

 "Une ville, le jour, la nuit. Des passants, une foule aux contours flous. Pourtant, on pressent très vite que la peinture de Sophie Sigorel est davantage qu’une peinture « urbaine », de ce genre pictural qui, pour parler du monde contemporain, élit la ville et sa frénésie comme décor et sujet.

D’emblée on serait tenté de la placer dans l’environnement de peintres d’« atmosphère », Hopper par exemple, peintre avec lequel par delà l’évident écart - chez Hopper, le statique, chez Sophie Sigorel, la perpétuelle recherche de mouvement - des croisements d’univers sont imaginables. Ne serait-ce que pour la dimension parfois théâtrale, voire cinématographique qu’a Sophie Sigorel de composer et de cadrer son image. Empruntés aussi au langage filmique, certains effets, plans séquences ou fondus, renforcent cette sensation d’atmosphère.

Le traitement en flou détourne résolument l’image de tout réalisme photographique,  l’enjeu se portant sur les contrastes, les rythmes chromatiques et géométriques que le rapport construit-humain induit. Il importe au fond assez peu que la scène peinte se déroulât à Pékin, à Paris ou à New-York (…). Ce qui importe, où que l’on soit, c’est ce flux, partout, plus ou moins dense, cette même persistance humaine, la même multitude de mondes qui se frôlent, se croisent, toutes ces petites monades… De cette « confrontation » entre le construit et le vivant, l’artiste a choisi, comme au cinéma, de faire le focus sur l’humain. Le vivant l’emporte, les corps en vie émergent."

Marie Deparis-Yafil, Critique d'art et commissaire d'exposition

" A city by day and night. Passers-by. A blurred crowd. However, we rapidly feel that Sophie Sigorel’s paintings are more than “urban” paintings, but a kind of work that talks about the contemporary world through the setting of the frenzy of the city.

Straightaway we should be tempted to classify Sophie Sigorel’s work in the area of atmosphere painting, like Edward Hopper for example, whose universe can be related to hers in spite of evident differences : Hopper’s painting is “static” whereas Sigorel’s is in perpetual search for movement, especially when she composes and centers her image in a theatrical and cinematic way. Some effects, sequence-shots and fades to black accentuate this feeling of an “atmosphere” inspired by cinematic language.Blurred effects put off any resemblance to photographic realism, as the stake is to point on the contrasts of the chromatic and geometric rhythms, which linkwhat is “built” and what is “human”. Finally, it doesn’t matter that much if the painted scene takes place in Beijing, Paris or New-York (…). Wherever we are, the main thing is this omnipresent flow, more or less dense. There is the same human persistence everywhere, the same multitude of worlds that skim past and cross each other like a crowd of monads. In this face-to-face between the “built” and “the living”, the artist chooses, like in a movie, to focus on the human being. The “living” wins, the bodies come to life."

Marie Deparis-Yafil - Art Critic and Curator

 



Née en 1964 à Tarbes, Sophie SIGOREL vit et travaille à PARIS. 

Formée aux Beaux-Arts de Paris, à l’E.N.S.B.A. et Paris I, elle expose régulièrement depuis les années 1990 en France, en Belgique, au Japon... Ses œuvres sont présentées chaque année dans les salons, biennales et foires d’art contemporain  tels le Salon de Mai, Salon de Montrouge, Lille Art Fair, Lineart-Gand, St’Art-Strasbourg, Chic Art Fair (Fiac off) Paris. En partenariat avec des galeries et notamment la Galerie Mondapart, son travail se développe à l’international aux Etats-Unis et à San Francisco où elle a exposé dernièrement.


Sophie SIGOREL

Qu’elle peigne la vie urbaine, un quai de gare, une foule en mouvement, des flux de passants sans visage ou des visages, Sophie Sigorel centre son œuvre sur la figure humaine et le temps.

Dans les bouleversements du monde contemporain, le temps résolument s’accélère, l’espace se réduit, les deux, même, se conjuguent. Pour le meilleur ou le pire, au gré d’un monde toujours plus flottant, l’homme navigue, simple trajectoire, ou nomade numérique surfant désormais sur l’écran bleuissant du net.

Comment y reconnaître l’humain ? Quels liens visibles ou invisibles se tissent entre les hommes ? Quels lieux, quels corps peuvent-ils habiter ? Ces interrogations sont au coeur de la peinture de Sophie Sigorel.

L’huile et la toile sont les matériaux choisis par l’artiste. 

Strate par strate, la matière picturale intègre une sorte de dimension topographique. L'expression du temps par le mouvement anime ses oeuvres d'une énergie vitale. Sensible à la couleur, à toute la gamme chromatique sans oublier le noir, le peintre fait souvent le choix de variations sur les rouges, les gris, les blancs, les bleus… La touche est vibrante, le rendu flou. Aux fondus s’associent les graphismes et les éclats de couleurs. 

La rapidité du geste traduit les arrêts sur images. Nourries d’un dialogue avec d’autres formes d’expression artistique, théâtre, danse, littérature,  toutes les techniques de l’image, photographie, vidéo, cinéma… la philosophie aussi, les oeuvres de Sophie Sigorel développent une vision humaniste, sans violence mais résolument critique du monde contemporain «  un monde qui éjecte l’humain, rétrécit son champ de liberté et rend aveugle par le « tout visible ». L’artiste témoigne en faisant le pari de l’avenir.  Et ses oeuvres proposent au-delà du visible, une dimension plus mystérieuse, poétique ou spirituelle.