PERSONA : ce qui nous regardE

SANDRA KRASKER / SOPHIE SIGOREL

Exposition du 10 octobre au 11 novembre 2014

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A l'occasion de cette exposition,  Sophie Sigorel propose un ensemble de toiles issues de trois séries récentes. Profil, R.A.S., Les indéchiffrables sont conçues comme autant de variations sur le thème central de l'identité.  

L'oeil de la caméra de surveillance, le profilage numérique traquent en même temps qu'ils constituent de nouvelles formes d'identification ou d'identité visuelle de l'individu comme du groupe. Sur fond de vie urbaine, lieux de passage ou lieux publics, monde réel ou virtuel, l'artiste multiplie les perspectives pour capter les nouvelles formes de perception de l'identité humaine. Les individus se croisent, se frôlent, quand l'un d'eux soudain émerge de la foule, saisi par le focus d'une caméra, ou la captation de son profil numérique (séries R.A.S. ou Profil). Puis, le rythme des flux humains l'absorbe à nouveau dans le courant indifférencié des anonymes : dépersonnalisation,  retour à l'invisible. Sorti du champ de l'oeil numérique, ouvrant l'espace d'une liberté qu'on croirait non-surveillée,  l'individu redevient alors " indéchiffrable".  La possibilité de figurer l'identité humaine, le mystère du visible et de l'invisible sont autant de sources d'inspiration qui traversent les oeuvres de Sophie Sigorel, pour des explorations de la représentation contemporaine. 

Sandra Krasker de son côté met en avant la question du rapport entre l'individu et l'image qu'il constitue ou reçoit de lui-même via les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux vantent l’ouverture à l’Autre, le contact ? Qu’en est-il réellement ? On s’inscrit  avec un profil pour chercher l’Autre, cet Autre qui reste derrière l’écran, qui est si près et qu’on ne rencontre plus physiquement. On garde l’image, l’image que cet Autre veut bien nous donner. Le « like » s’apparente au désir et l’appartenance au groupe fait sa loi. Ces réseaux classent, notent, évaluent, les images affluent, c’est le chaos numérique qui envahit l’individu en quête de rencontres.

« On va flatter son égo, On va montrer, démontrer, argumenter, attaquer, débattre, On est dans le « reality show » permanent et en direct… mais plus que dans une réelle discussion et confrontation, souvent l'individu se perd dans la contemplation de lui-même et le culte d'un ego qui demeure solitaire. Ce jeu de miroir interroge l'identité, visible ou invisible, la façon dont elle se constitue dans l'authenticité ou la falsification, même inconsciemment. Je LIKE donc je suis. »

Via les scanners, la videosurveillance, les réseaux sociaux ou les « selfie », de l’intérieur comme de l’extérieur, de façon intrusive, non-voulue ou sciemment orchestré, chacun est vu et perçu à un rythme effréné et effrayant par un nombre grandissant de personnes. Mais qui regarde vraiment ?