Yves Koerkel


Mes sculptures, qui rappellent la préhistoire de la modélisation informatique, sont constituées d’affiches publicitaires pliées selon un diagramme toujours identique.
C’est une matière première que je récupère chez les imprimeurs sous la forme de macule,
ou chez les affichistes, après le temps dévolu à une campagne. Il m’est arrivé de me servir dans la
rue ou d’en faire éditer, si nécessaire.
Depuis dix ans, elles ont évolué. Des murs où elles étaient accrochées, elles ont glissé vers le sol en volumes autonomes, pour s’accrocher aux plafonds et me permettre ainsi de diversifier les formes, de les affiner et de les libérer de la pesanteur.
Les affiches que j’utilise comportent toujours des portraits qui, modelés, peuvent évoquer
des objets anthropomorphes, des idées, des références à l’histoire de l’art ou à l’architecture, les différents règnes, notre époque.
Les humains ont toujours eu dans le temps et l’espace l’habitude de se représenter, de se
reconnaître comme faisant partie d’une même famille, communauté, tribu, espèce. J’essaie de
rendre compte de cette manie en extrayant quelques images du flot qui imprègne nos quotidiens, nos cultures.
Ces images sont sans cesse remplacées par d’autres dans un flux apparemment permanent et inépuisable. Elles sont issues de l’histoire de l’art et de la représentation humaine. J’essaie de
rendre compte de cette époque très particulière où nous vivons, de la facilité de production et de
reproduction des images, de leurs supports et de leurs diffusions.

Yves Koerkel