Marie-Laure Mallet Melchior

 

Un train sur un pont de fer, d'autres qui se croisent. Ou bien des rails, témoins d'une activité industrielle que l'on devine aussi le long des voies avec la présence de bâtiments parfois flanqués de hautes cheminées. 
Témoignage ou peut-être défi lancé aux parallèles et à l'idée d'infini qu'elles portent, transportent en elles, quelle que soit la voie empruntée ? Il y a en tout cas dans les tableaux de Marie-Laure les ingrédients d'un mouvement incessant, traversant, de passages dans des sites inconnus et pourtant reconnus en tant qu'images d'une époque, révolue ou non. 
Il y a surtout le paradoxe de voir ce mouvement se révéler dans un processus pictural […] qui renvoie au temps qui passe mais qui peut aussi nous figer dans une rêverie inattendue. 
Viennent alors des souvenirs accumulés au hasard de voyages, puisés dans une mémoire plus ou moins embuée comme le paysage à travers la vitre d'un train... Comme le tableau qui nous est donné à voir, finalement, où le réel de la photo peut être voué au flou par le rajout ou la suppression d'éléments, de couleurs, et devenir le gisement d'émotions oubliées, fossilisées au plus profond de nous-mêmes et soudainement réveillées par cette exploration artistique. 
Cette rêverie nous replace dans le glissement grinçant et saccadé du train qui ralentit en arrivant dans des villes, là où le chemin de fer longe d'abord des sites d'une froideur inhospitalière, seulement connus de ceux qui y travaillent, ou bien réduits à l'état de vestiges. C'est là tout le sens et l'intérêt du paradoxe: il suggère une présence de l'humain, plus à imaginer qu'à observer, parce que dissimulée dans un environnement qui, s'il n'existe pas forcément pour lui, ne pourrait pas exister, même subsister, sans lui.
Étienne RIBAUCOUR

Née à Nogent-le-Rotrou en 1966
Vit et travaille au Mans

A train on an iron bridge, others crossing. Or rails, witnesses of an industrial activity that we can guess along the rails with the presence of buildings sometimes flanked by high chimneys.
Testimony or perhaps challenge to parallels and to the idea of infinity that they carry, carry in them, no matter which path is chosen? There are in any case in Marie-Laure’s paintings the ingredients of an incessant movement, crossing, of passages in unknown sites and yet recognized as images of an epoch, past or not.
There is above all the paradox of seeing this movement revealing itself in a pictorial process […] which refers to time passing but that can also freeze us in an expected daydream.  
Then come memories accumulated randomly during journeys, drawn from a memory more or less befuddled such as the landscape through the window of a train…
Like the painting that is given us to see, finally, where the real of the photo can be devote to blurred by adding or deleting elements, colors, and become the deposit of forgotten emotions, fossilized in the depths of ourselves and suddenly awakened by this artistic exploration.
This reverie puts us back in the creaking and jerking sliding of the train that slows down when arriving in cities, where the railway first goes along sites of inhospitable coldness, only known from those who work there, or reduced to the states of vestiges. This is precisely the meaning and interest of the paradox: it suggests a human presence, more to imagine then observe, because hidden in an environment that, if it doesn’t necessarily exist for it, could not exist, even subsist, without it.
Etienne RIBAUCOUR

Born in Nogent-le-Rotrou in 1966
Lives and works in Mans