SOLO SHOW

charles giulioli
DEROULER LE FIL

vernissage le jeudi 5 mars de 18h30 à 22h
exposition : 6 mars / 30 mai 2020

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Catalogue des oeuvres de Charles Giulioli

Au printemps  Charles Giulioli présentera à la galerie Mondapart le fruit de plus Le catalogue des oeuvres de Charles Giulioli est disponiblede 15 années d’art numérique ; une création d’images nées de sa peinture dans un premier temps, puis de programmes autonomes par la suite. Des estampes tirées sur papier ou imprimées par sublimation thermique, toujours proposées en pièce unique. Dans l’œuvre de Charles Giulioli la couleur prédomine, elle communique avec le mouvement pour nous faire ressentir la vie qui coule dans nos veines. Il s’agit de la première exposition consacrée uniquement à l’art numérique présentée à la galerie.

Chaque œuvre imprimée est accompagnée d’un programme avec lequel elle a été créée. Programme que vous pourrez faire tourner sur votre ordinateur ou votre télévision. Ces programmes aux algorithmes élaborés laissent la part belle au hasard, à l’instar du peintre dans son atelier. Les images évoluent à un rythme soutenu, les visuels changent de couleur, disparaissent pour réapparaître dans un format plus petit à un autre moment, à un autre emplacement : aucune répétition possible, la création numérique se déroule dans la nouveauté de chaque instant. Ces programmes sont hypnotiques, ils nous portent et nous emportent, l’envie de deviner les changements qui vont apparaître à l’image étant très puissante. L’image créée à l’écra disparaît à jamais, sauf si elle est jugée digne d’être imprimée.

La genèse de l’art numérique de Charles Giulioli : lorsque Charles Giulioli prend le temps d’examiner à la loupe 25 ans de peinture, il note les liens, les traits communs à sa production historique de peintre, décèle les symboles répétés, analyse les palettes de couleur. Il comprend que tout au long de ces années de peinture, il a pu se répéter sans le savoir. C’est alors qu’il décide de créer « une machine à peindre », un outil logiciel de génération d’œuvres qui remplacerait la main de l’artiste. L’artiste centralien s’essaie au code informatique avec beaucoup d’intérêt et crée dans un premier temps le programme génératif « L’œuvre sans fin », puis « Lignes sans calculs ». D’autres programmes suivront, comme le dernier « Univers Mouvants », dont les premiers tirages seront présentés lors de cette exposition.


A propos d’art numérique
par Charles Giulioli

Question de style
Qu’est-ce que le style d’un artiste ? Est-ce la manifestation d’une réalité essentielle de son être profond ? Est-ce l’accumulation fortuite d’habitudes prises au cours d’années de travail? Serait-il possible d’imaginer une machine qui serait capable d’imiter le style d’un artiste ? C’est cette question qui a déclenché mon intérêt pour l’art numérique dès 2003 La Machine à Peindre C’est ma propre peinture que j’ai soumise à l’analyse pour créer mon premier programme, « La Machine à Peindre ». Cette situation de « regardeur » de mes propres travaux m’a beaucoup appris. J’ai découvert que certains éléments étaient déterminants alors que d’autres étaient accessoires, j’ai découvert qu’au fil des années j’avais acquis des habitudes, je me suis demandé pourquoi certaines œuvres me semblaient plus fortes que d’autres. J’ai enfin écrit un programme informatique qui peut créer des images qui ressemblent aux oeuvres que je peux peindre. Et j’ai pu imprimer ces œuvres sur des supports matériels tels que le papier, la toile ou l’aluminium. Le principe de mon programme est d’instituer des règles précises de composition du tableau tout en laissant beaucoup de choix « au hasard » à l’ordinateur. Ma surprise a été de découvrir que cette part d’aléatoire dans l’œuvre est non seulement source de « heureux hasards » mais aussi une expression de la contingence universelle. Il y a quelque chose de léger et joyeux dans la gratuité des propositions. Un signe qui apparaît par pur hasard, sans autre raison que sa seule présence me communique un sentiment de liberté, un peu comme je l’avais découvert dans les « joyeux hasards » de François Morellet ou les « machines libres » de Jean Tinguely. Cette irruption du hasard est une porte ouverte à l’imprévu et à la nouveauté, une façon de voir le Monde bien différente de celle du peintre. L’Œuvre Sans Fin Le hasard est ainsi devenu la matière même de mon travail. En m’éloignant du point de vue strictement pictural, je me suis attaché à faire ressentir la présence du temps, cette « création continue d’imprévisible nouveauté » selon l’expression de Bergson. Dans les œuvres « génératives », l’image se crée en direct, les accidents surviennent de façon aléatoire et l’image évolue librement. Il se passe réellement quelque chose là, sous nos yeux. Le mouvement et le rythme sont les ingrédients de ce travail. Ce n’est plus l’image enregistrée qui constitue l’œuvre, mais son passage dans le temps. Percevoir ce temps qui passe sous forme du « toujours même et toujours différent ». Lignes libres Petit à petit, les programmes que j’écris s’éloignent de ma peinture. Dans les « Lignes Libres », il n’y a plus trace de mes dessins, les formes sont le fruit du calcul mathématique. Sur l’écran, une ligne se dessine, comme une écriture. Mon regard suit la pointe extrême de la ligne et son mouvement me dit quelque chose de ma vie. L’équation mathématique donne un « style », une cohérence d’ensemble, à la ligne tandis que les paramètres aléatoires la rendent totalement imprévisible dans le détail. Cet étrange composé de structure et d’improvisation, un peu à la manière du Jazz en musique, font écho à ma propre existence. Pourquoi numérique ? L’ordinateur est un outil extraordinaire, sa capacité à produire du hasard de façon simple ainsi que la possibilité de créer des images qui évoluent dans le temps ouvrent des voies nouvelles. On peut également s’émerveiller sur la qualité de la lumière, des transparences et des couleurs qu’il permet. Cependant, il serait naïf de penser que l’ordinateur crée des œuvres par luimême. Le travail se situe simplement en amont de l’image elle-même. 8 Une autre caractéristique est la rapidité de production et l’abondance des images produites. Le rapport à l’image s’en trouve modifié. Le travail de sélection est extrêmement important. Ces choix sont particulièrement intéressants parce qu’il obligent à comprendre pourquoi certaines images retiennent mon attention alors que d’autres non. La pratique de l’art numérique influence aussi la perception que j’ai du hasard et de son rôle dans notre expérience quotidienne. La matière numérique Les œuvres numériques gardent un caractère « virtuel » - même si mes dessins sont souvent à la base de mes programmes. On peut regretter de ne plus trouver la trace émouvante de la main de l’artiste. Pourtant, la pratique numérique n’est pas si différente des autres formes d’art : l’art naît toujours de la confrontation d’une idée avec une matière. « L’art doit naître du matériau » écrit Jean Dubuffet. La matière questionne et remet en cause l’idée immatérielle de l’artiste. L’art numérique aussi a son propre matériau : c’est le matériel informatique et l’écriture du code. Comme le sculpteur ou le peintre, l’artiste numérique rencontre des limites et trouve petit à petit la manière qui lui correspond. Il doit donner forme à son intuition dans le cadre fini de l’écran numérique et avec les moyens de son habileté à concevoir et développer du code. Et le chemin est parfois long et tortueux de l’idée initiale à l’œuvre aboutie. Intelligence Artificielle Depuis peu, l’intelligence artificielle s’est introduite dans le monde de l’art. En effet, une machine est capable d’ « apprendre » à partir de milliers d’exemples existants ce qu’est un portrait ou un paysage et, à partir de là, de proposer des images qui ont toutes les caractéristiques d’un portrait ou d’un paysage. C’est « magique » d’un point de vue technique, mais frustrant pour l’artiste parce que la machine ne nous apprend rien : ses règles et critères nous demeurent opaques et nous n’en voyons que le résultat. A mon sens, c’est au contraire l’invention ou la découverte (par l’artiste) de règles nouvelles qui constitue la partie la plus intéressante de l’art numérique génératif. C.G., 2019